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réflexions
La femme de Béthanie | Marc 14, 3-9
3 Jésus était à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux et, pendant qu’il était à table, une femme vint, avec un flacon d’albâtre contenant un parfum de nard pur et très coûteux. Elle brisa le flacon d’albâtre et lui versa le parfum sur la tête. 4 Quelques-uns se disaient entre eux avec indigna-tion : « A quoi bon perdre ainsi ce parfum ? 5 On aurait bien pu vendre ce parfum-là plus de trois cents pièces d’argent et les donner aux pauvres ! » Et ils s’irritaient contre elle. 6 Mais Jésus dit : « Laissez-la, pourquoi la tracasser ? C’est une bonne œuvre qu’elle vient d’accomplir à mon égard. 7 Des pauvres, en effet, vous en avez toujours avec vous, et quand vous voulez, vous pouvez leur faire du bien. Mais moi, vous ne m’avez pas pour toujours. 8 Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait : d’avance elle a parfumé mon corps pour l’ensevelissement. 9 En vérité je vous le déclare, partout où sera proclamé l’Évangile dans le monde entier on racontera aussi, en souvenir d’elle ce qu’elle a fait. »
aussi dans | Mathieu 26, 6-13 et Jean 12, 1-8
Traduction utilisée pour l’analyse
Les Évangiles, les quatre, Matthieu, Marc, Luc, Jean;
Nouvelle traduction par soeur Jeanne d’Arc, op
Desclée de Brouwer, Paris, 1992
Réflexion
Contexte avant (Mc 14, 1-2)
Comme Hérodiade a cherché comment tuer Jean Baptiste (Mc 6, 21) ainsi les grands prêtres et les scribes cherchent à leur tour un moyen de se saisir de Jésus pour le tuer. (Mc 14, 1-2) C’est cette précision que nous donne Marc dans les versets 1 et 2 qui précèdent notre passage à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux. (Mc 14, 3-9)
Contexte après (Mc 14, 10-11)
Immédiatement après l’épisode que nous étudions aujourd’hui, deux versets de Marc nous indiquent que Judas Iscariote, qui était sûrement présent à ce repas, « s’en va vers les grands prêtres pour le leur livrer ». (Mc 14, 10-11) Les grands prêtres et les scribes ont trouvé le moyen de se saisir de Jésus pour le tuer. Judas a un faible pour l’argent et ces derniers lui promettent de le payer pour sa précieuse collaboration. Pour Judas l’argent a plus de valeur que l’être, même l’être de Jésus.
Notre passage (Mc 14, 3-9)
Dans ce cadre l’épisode de Béthanie, grâce à cette mise en scène de Marc prend une saveur d’enseignement de dernière heure pour Judas Iscariote afin qu’il corrige le tir. Il est invité à imiter cette femme surprenante qui dérange. Le geste posé par cette dame nous montre l’importance de mettre l’avoir au service de l’être, de subordonner l’argent à l’être. Judas Iscariote est invité in extremis à se convertir. Lui, qui est esclave de l’argent, est instruit à Béthanie par cette femme qui remet les pendules à l’heure. Son geste lui enseigne que l’argent doit être au service de l’être. Il peut se libérer de son attachement excessif à l’argent en cessant d’en faire un dieu immuable pour plutôt le rendre utile en le mettant au service de l’être humain.
Ce jour-là dans la maison de Simon le lépreux on est à table (v3) sûrement en train de fêter. Cette femme qui surgit célèbre l’être et investit son avoir au service de l’être de Jésus qu’elle prépare prophétiquement pour sa sépulture. L’avoir utilisé ici est d’une très grande valeur. C’est un parfum de nard pur très précieux qui vaut trois cents pièces d’argent. (v5) Cette femme sacrifie un avoir précieux au bénifice de l’être qu’elle aime. Judas saura-t-il comprendre et respecter cette ordre de valeur supérieur et ainsi délaisser son projet de sacrifier l’être de Jésus pour son amour de l’argent ? Marc célèbre l’être et son langage le souligne bien. Deux fois il utilise le verbe être. Jésus était à Béthanie et d’autre part il était à table. Marc aurait pu dire Jésus visitait Simon à Béthanie et il mangeait, mais pour nous mettre sur la piste de l’être, il préfère prendre le verbe être. Ce n’est pas le temps de faire, mais le temps d’être. D’autre part cinq fois Marc emploie le mot parfum laissant deviner l’importance de parfumer l’être, l’importance de parfumer la vie de l’être, toujours, mais surtout en ce temps d’urgence, de fin de la vie de l’être Jésus. Quatre fois Marc parle de faire le bien (v7, v8 deux fois et v9). On se souviendra de cette femme dans les siècles à venir pour son faire impressionnant. Judas pourra-t-il en déduire qu’on pourrait aussi se souvenir de son faire négatif de traître dans les siècles à venir? Ou serait-t-il à ce point aveuglé par son amour immodéré de l’argent?
La femme a compris que le faire à accomplir prioritairement doit être dirigé vers l’urgence du moment. Il ne s’agit pas de négliger qui que ce soit, mais de courir au secours du plus mal pris. Ici il s’agit de l’oeuvre de miséricorde la plus importante, ensevelir les morts et ici pour un proche, Jésus, et tout de suite parce qu’il y a urgence. Elle, tout de suite elle fait concrètement pour l’individuel Jésus pendant que les opposants à l’action de cette femme parlent au conditionnel d’un “On aurait bien pu” faire un jour pour un collectif sans visage.
Elle casse un avoir pour construire du positif pendant qu’eux tra-casse négativement l’être de cette femme généreuse. Elle brise le contenant-avoir d’un parfum précieux pendant qu’eux tentent de briser le contenant-être femme qui contient lui-même un précieux amour, des sentiments de grande valeur. Non seulement elle verse un parfum de grande valeur mais elle dé-verse aussi beaucoup d’amour.
Elle brise le flacon d’albâtre (avoir) pour ouvrir et libérer le parfum de nard pur, alors que les opposants à son geste de pure gratuité tentent de briser la femme (être) pour fermer sa générosité, pour l’enfermer dans de fausses raisons, pour l’empêcher de déverser ainsi le précieux parfum de son être.
Micho Lemieux | bibliste
Atelier biblique des 3B de la fondation La Présence
POÉSIE
Le parfum
Qui coule sur mes cheveux
A l’odeur des roses
De la rosée du matin
Et de tes larmes
Jadis versées pour l’amour.
Toi qui sais maintenant
Qui je suis
Au mileu des autres
Tu affirmes par ton geste
D’intime gratuité
Que le règne de Dieu
Arrive en ce monde
Et qu’il y a plus ici
Que tout le visible raconté.
Vandière
arts visuels
« L’AUJOURD’HUI »
octobre 2012