logiciels compatibles | apple safari | google chrome | firefox
logiciels compatibles | apple safari | google chrome | firefox
réflexions
La femme à l’écoulement de sang | Marc 5, 25-34
24 Une foule nombreuse le suit et se presse autour de lui. 25 Une femme avait un écoulement de sang, de douze ans. 26 Elle a beaucoup souffert avec beaucoup de médecins : elle a dépensé tout ce qu’elle avait mis de côté, et sans aucune utilité, mais elle va plutôt pire. 27 Elle a entendu parler de Jésus. Elle vient dans la foule par derrière, et touche son vêtement. 28 Car elle disait : « Si je touche au moins ses vêtements, je serai sauvée. » 29 Aussitôt se dessèche sa source de sang. Elle connaît en son corps qu’elle est guérie du mal qui la harcèle. 30 Aussitôt Jésus reconnaît en lui-même qu’une puissance est sortie de lui. Il se retourne vers la foule et dit : « Qui m’a touché les vêtements ? » 31 Ses disciples lui disent : « Regarde, la foule se presse autour de toi, et tu dis : « Qui m’a touché ? » 32 Il regarde à la ronde pour voir celle qui a fait cela. 33 La femme craintive, tremblante sachant ce qui lui est arrivé, vient, tombe devant lui, et lui dit toute la vérité. 34 Il lui dit : « Fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix : sois assainie du mal qui te harcèle.
Aussi dans : Matthieu 9, 20-22 | Luc 8, 43-48
Traduction utilisée pour l’analyse
Les Évangiles, les quatre, Matthieu, Marc, Luc, Jean;
Nouvelle traduction par soeur Jeanne d’Arc, op
Desclée de Brouwer, Paris, 1992
Réflexion
La foule
Depuis Capharnaüm (1, 21) où la ville toute entière (1, 33) est rassemblée (synagô) devant la porte de la maison de Simon et d’André (1, 29) parce qu’il n’y a pas assez de place pour accueillir tout le monde, la foule (5, 21.24a.24b.27.30.31) ne cesse de grandir et il n’y a pas de bâtisse (synagogue 1, 21) ou de maison (de Simon et d’André 1, 29) assez grande pour contenir tout le monde, tellement cette foule est nombreuse (5, 21.24). Ici , c’est au bord de la mer (5, 21) que la foule s’est rassemblée (synagô) (5, 21). Dit en d’autres mots la foule fait assemblée, fait communauté, fait synagogue. Cette foule est tellement dense qu’elle presse Jésus (5, 24-31) pour ne rien manquer de ses paroles ou de ses actes.
La foule … lieu
Justement en suivant Jésus, cette foule sera comblée, car elle sera le lieu de merveilles qui nous étonneront. C’est elle qui sera le lieu de l’impossible. C’est en son sein que de nouveaux gestes d’humains, comme vous et comme moi, nous enseigneront d’autres façons de faire face à l’adversité.
La foule … acteur
Mais cette foule est-elle seulement un lieu accueillant au sein duquel on peut se cacher ? D’abord perdue au milieu de cette foule se peut-il que la femme de notre passage se questionnant et se cherchant se trouve progressivement pour ensuite avoir le courage d’agir ? Se peut-il que la foule devienne un acteur efficace et que c’est par elle que cette femme qui nous intéresse est d’abord informée ? Marc souligne au verset 27 du chapitre 5 qu’elle « a entendu parler de Jésus ». Bien que non dit il est facile de penser que notre femme à l’écoulement de sang est d’abord silencieusement rassurée par cette foule anonyme, puis de plus en plus trans-portée psychologiquement par elle comme le paralytique du chapître 2, au verset 3. Par cette foule la femme à l’écoulement de sang est soulevée, trans-portée, stimulée, encouragée, dynamisée ? Une foule c’est fort ! Ce ne serait pas la première, ni la dernière fois qu’une foule permet des phénomènes inexplicables, des renversements de situations surprenants.
La femme à l’écoulement de sang
Il s’agit donc de l’histoire d’une femme sans nom, sans titre, sans droit contrairement à l’homme qui vient de se présenter à Jésus, qui lui s’appelle Jaïr, qui lui est un des chefs de la synagogue (5, 22) et qui lui, profite des droits et des privilèges rattachés à son titre et à sa fonction. Elle a plongé au milieu de la foule comme elle a plongé dans la profondeur de son désespoir et a réfléchi sur sa situation difficile. Elle est rendue à l’extrême limite. Son état est lamentable. Cela fait 12 ans qu’elle est affaiblie toujours de plus en plus par un écoulement de sang (5, 25). Douze symbolise la multitude de ses années de souffrance et en même temps la globalité. Elle a atteint la globalité , le maximum de la souffrance. Le cycle complet est achevé. C’est le temps de passer à autre chose. À cause de cet écoulement de sang permanent, elle est exclue de la synagogue de pierre. La loi qu’enseigne Jaïr avec les autres chefs de la synagogue la déclare impure et lui prescrit de s’abstenir de tout contact avec le reste de la communauté. (Lévitique 15, 19-33) L’ancienne assemblée dresse des murs, mais avec la nouvelle assemblée éclatée (foule nombreuse 2 fois en 5, 21 et 5, 24) les murs s’écroulent, les horizons s’élargissent. La petite assemblée-synagogue d’antan prend de l’ampleur et devient assemblée-foule nombreuse. « Une foule nombreuse se rassemble » et cette foule nombreuse « suit et se presse » contre le nouvel enseignant Jésus, tout contre lui (5, 24), contre comme le traduit CHOURAQUI. Dans cette foule nouvelle tout devient possible. L’ancien figeant devient nouveau vivant.
Contrairement à Jaïr, qui s’est jeté devant Jésus à ses pieds, elle est venue par derrière. Contrairement à la fille de Jaïr, elle n’a personne pour venir intercéder pour elle. Contrairement à la femme de Jaïr elle ne reste pas à la maison attendant que Jésus vienne chez elle secourir sa fille. Non seulement elle enfreint les lois religieuses, mais aussi les coutumes culturelles de son peuple qui prescrivent que la femme reste en retrait et ne se mêlent pas aux hommes. En ce sens elle ne sera pas la seule puisque les disciples femmes suivront Jésus de la Galilée jusqu’en Judée, de Capharnaüm à Jérusalem (Mc 15, 40). Quels changements dans cette nouvelle synagogue-assemblée-foule. Par contre, malgré son écoulement de sang depuis 12 ans, elle a encore assez de forces pour venir vers Jésus ce qui n’est pas le cas de la petite fille de 12 ans que son état force à rester couchée. Elle aussi a complété un cycle, achevé un cycle. Pour elle aussi, c’est le temps de passer à autre chose. Elle doit laisser l’enfance pour passer à l’adolescence, cesser d’être une enfant et passer à un libre engagement de sa personne, à une certaine autonomie. Symboliserait-elle les femmes qui doivent ne plus dépendre des hommes, être autonome, affirmer leur statut d’être égaux dans une nouvelle communauté ? La femme à l’écoulement de sang, dont elle entendra sûrement parler, lui trace le chemin vers une nouvelle manière d’être femme sans dépendre de l’homme, d’une nouvelle manière d’être sans interdit, religieux ou culturels.
La femme à l’écoulement de sang osera venir (5, 27) toucher le vêtement de Jésus, mais ce ne sera pas son plus grand toucher. Plus encore elle touche le coeur de Jésus par sa grande confiance et servira d’exemple et de stimulus pour Jaïr à qui Jésus recommandera justement de faire confiance, de ne pas craindre, de croire seulement (5, 36) et d’oublier les fauteurs de trouble qui essaient de le convaincre de ne plus fatiguer le maître puisqu’il n’y a plus rien à faire pour la petite fille qui, selon eux, est morte (Mc 5, 35).
Auto-guérison
Comme il le fera pour la mère de la fille de douze ans, également femme de Jaïr, Jésus nous montre que dans cette nouvelle assemblée-synagogue-foule la femme a sa place devant (5, 33) autant que l’homme. De derrière elle passe devant. Jésus sortira aussi la femme de Jaïr qui se tenait derrière en retrait pour l’inclure devant comme son mari. (5, 40)
Cette femme depuis 12 ans est vidée de son sang. De plus elle s’est aussi vidée de son argent. De vidée en santé et en avoir elle prend l’initiative de devenir vidant Jésus de la puissance qui l’habite (5, 30), sauf que cette action de vider n’a pas d’effet négatif comme au temps de l’écoulement de son sang et de son argent, mais un effet positif qui est celui de remplir Jésus d’admiration pour cette nouvelle manière de faire en toute confiance. Jésus comme nous l’avons déjà dit est touché. Ce n’est pas seulement son extérieur-(vêtement) qui est touché (5, 27), mais aussi son intérieur. Ce n’est pas seulement son contenant (vêtement) qui est touché, mais aussi son contenu (être). Ce n’est pas seulement en surface qu’il est touché, mais aussi au plus profond de lui. À tel point qu’il avoue son admiration pour cette femme qui a brisé des barrières pour s’auto-guérir. (5, 34) Jésus l’admire également pour son implication en être. Après avoir investi tout ce qu’elle avait mis de côté sans aucune utilité (5, 26) elle a tout investi ce qui lui restait : son être, sa confiance renversante. Ce faisant elle nous a enseigné aussi que dans la nouvelle assemblée-synagogue-foule tous ont leur place. Elle nous enseigne qu’il n’est plus question d’impur, mais d’être sacré, d’humain sacré à secourir d’abord en les incluant au lieu de les exclure. Dans la nouvelle assemblée-synagogue-foule tous sont les bienvenus, personne n’est marginalisé. Tous ont droit d’être remplis de vie.
Micho Lemieux | bibliste
Atelier biblique des 3B de la fondation La Présence
POÉSIE
Je marche dans la foule.
J’espère son regard.
Lui passe sans me voir.
Je me rapproche.
Je bouscule les autres.
Enfin je touche son vêtement.
Soudain tout s’apaise en moi.
J’entends : « Qui m’a touché ? »
J’approche vers lui
Nue, dépouillée, démunie,
il me revet de son amour.
Il a donc entendu ma prière.
Je vais en paix.
Maintenant, je marche à ses côtés.
Vandière
arts visuels
« L’AUJOURD’HUI »
25/03/2012